Les fournisseurs d’indices ne suivent pas les mêmes règles
« Ces problèmes sont souvent invisibles jusqu’à l’apparition de la volatilité sur les marchés », a déclaré Andrey Kotlyarenko, gestionnaire principal des produits de placement au sein du groupe de gestion de placements de Vanguard. « Lorsque des turbulences se produisent, les investisseurs commencent à voir que leurs portefeuilles sont plus risqués que le marché ou que ce qu’ils avaient prévu. »
La source de ce risque se trouve dans les différents critères utilisés par les fournisseurs comme Standard and Poor’s (S&P), Russell et le CRSP pour catégoriser les titres : c’est comme si certains fournisseurs mesuraient en pieds et d’autres en mètres. Par exemple, S&P, Russell et le CRSP classent le style de 46 % des actions à grande capitalisation de manière différente.
Croissance ou valeur? Tout dépend du fournisseur.

Source : Vanguard, à partir de données de Morningstar du 30 avril 2025.
S&P, Russell et le CRSP utilisent des ratios cours/valeur comptable pour évaluer le facteur valeur d’une société. Cependant, leurs modèles s’écartent nettement à partir de là. Le modèle du CRSP utilise 10 facteurs au total, tandis que S&P en utilise six et Russell, trois. De plus, le CRSP répertorie chaque titre comme étant un titre de croissance ou de valeur, alors que les deux autres fournisseurs peuvent qualifier un sous-ensemble de sociétés comme appartenant aux deux styles.
Le résultat : la proportion de titres de croissance et de valeur diffère considérablement selon le fournisseur d’indices. Cette incohérence peut mener à des écarts importants dans le rendement du portefeuille et à une augmentation de la volatilité.
Différentes méthodes, différents résultats en matière de capitalisation boursière
De la même manière, les différences de méthodologie débouchent sur une fourchette de résultats en fonction de la capitalisation boursière. Le CRSP divise ses indices en catégories de sociétés à grande, moyenne et petite capitalisation, en visant des pourcentages précis de capitalisation boursière. Par exemple, les sociétés à grande capitalisation du CRSP représentent la tranche supérieure de 85 % de la valeur marchande totale. En revanche, Standard and Poor’s et Russell utilisent des dénombrements d’actions statiques (les 1 000 titres les plus importants, par exemple) pour classer les titres en fonction de leur taille. Par conséquent, l’indice Russell 1000 couvre 94 % de la capitalisation boursière totale et l’indice S&P 500, 87,5 %1.
Ces différences ont des répercussions. Dans le cas des indices à dénombrement d’actions statique, le pourcentage de capitalisation boursière peut fluctuer dans le temps. De plus, la méthode de S&P présente quelques traits distinctifs. Elle privilégie la qualité, en excluant les sociétés qui n’affichent aucun bénéfice pendant quatre trimestres consécutifs. S&P s’appuie également sur un comité interne qui décide en dernier ressort si une société mérite d’être incluse, ce qui est un critère plus subjectif que ceux utilisés par d’autres fournisseurs.
En raison de ces variations, les catégories de capitalisation boursière diffèrent considérablement d’un fournisseur à l’autre.

Remarque : Les méthodes du CRSP et de Russell combinent les titres à mégacapitalisation et à moyenne capitalisation en une seule catégorie appelée « titres à grande capitalisation » par les deux fournisseurs.
Source : Calculs effectués par Vanguard, à partir des données du 1er mars 2025.
Les investisseurs et les conseillers ont souvent de bonnes raisons d’utiliser les fonds indiciels comme composantes de base du portefeuille. Cette approche peut offrir de la souplesse pour améliorer les portefeuilles existants ou créer des préférences intentionnelles en matière de croissance ou de valeur, entre autres stratégies. Toutefois, la combinaison des fournisseurs d’indices peut accroître l’exposition aux facteurs de risque, l’erreur de réplication et la volatilité, ce qui pourrait entraîner un rendement inférieur.
Maintien des portefeuilles indiciels sur la bonne voie
Le fait de comprendre les nuances des méthodologies de construction d’indices et dans quelle mesure les fonds s’alignent les uns avec les autres peut aider à réduire le risque actif involontaire. Le nom ou la classification du fonds n’est que le début de l’histoire. Un fonds à petite capitalisation selon un fournisseur d’indices peut inclure un nombre surprenant de sociétés qu’un autre fournisseur considère comme des sociétés à grande capitalisation.
L’évaluation des compromis liés à l’utilisation de fonds provenant de plusieurs familles d’indices plutôt que d’une seule peut aider les investisseurs à maximiser les rendements du marché. Le fait d’effectuer cette recherche avant d’investir peut éviter les problèmes fiscaux pouvant découler de la restructuration des portefeuilles existants. Selon William A. Coleman, responsable de l’équipe ETF Capital Markets de Vanguard, se limiter à un seul fournisseur d’indices pourrait être une option.
« Les FNB indiciels peuvent servir de composantes de base souples et de grande qualité pour les portefeuilles, a-t-il déclaré. Il est essentiel de les sélectionner avec soin, en vérifiant si les indices se complètent et aident à atteindre des objectifs financiers, afin de donner aux investisseurs les meilleures chances de réussite en matière de placement. »