Le 23 octobre, la Banque du Canada (BdC) a abaissé les taux pour une quatrième fois d’affilée, en décrétant une réduction de 50 pb. Le taux directeur est maintenant de 3,75 %. Nous n’anticipons pas d’autre réduction en décembre, mais nous nous attendons à ce que l’assouplissement continue en 2025. Nous tablons toujours sur une croissance du PIB inférieure à la tendance pour l’ensemble de l’année, de l’ordre de 1,25 % à 1,5 %, en raison de la politique monétaire restrictive qui a été plus efficace qu’aux États-Unis.
À notre avis, le taux de chômage devrait finir l’année près de son niveau actuel de 6,5 % (en date de septembre). Il risque cependant d’augmenter, car la politique monétaire restrictive pourrait limiter la demande de main-d’œuvre et peser sur les bénéfices des sociétés. De plus, nous nous attendons à ce que le taux d’inflation de base sur 12 mois s’établisse entre 2,1 % et 2,4 % d’ici la fin de l’année, se rapprochant du point médian de la fourchette cible de 1 % à 3 % de la BdC.
Inflation
Le taux d’inflation globale est tombé à 1,6 % au Canada en septembre 2024. Ce taux est inférieur à la cible de 2 % de la BdC, en plus d’être le plus faible depuis février 2021. Les prix ont globalement fléchi de 0,4 % sur un mois, sous l’effet de la chute de 7,1 % des prix de l’essence. Les coûts du logement, qui représentent près de 30 % du panier de l’IPC, demeurent élevés. Ils ont augmenté de 5,0 % en septembre (figure 1), principalement à cause de la hausse des charges d’intérêts hypothécaires, à 16,8 %, et de celle des loyers, de 8,0 % sur 12 mois. Les mesures de base privilégiées par la Banque du Canada, l’IPC tronqué et l’IPC médian, sont restées stables en septembre. Le gouverneur de la Banque du Canada, Tiff Macklem, s’est dit préoccupé par le fait que l’économie ralentit plus que nécessaire pour maîtriser l’inflation. Par contre, l’inflation inférieure à la cible de 2 % ne l’inquiète pas.
Figure 1

Source : Statistique Canada et Bloomberg, septembre 2024
Le pourcentage des composantes du panier de l’IPC dont les prix ont augmenté d’au moins 3 % sur 12 mois a considérablement diminué par rapport au sommet de mai 2022. Les charges d’intérêts hypothécaires devraient ralentir, à mesure que la baisse des taux se répercute sur l’économie et atténue certaines pressions. Nous croyons que la lutte contre l’inflation continuera de porter ses fruits dans un contexte de croissance inférieure à la tendance.
Croissance économique
La croissance du PIB du Canada s’est accélérée à 2,1 %, en taux annualisé, au deuxième trimestre, à la faveur de l’augmentation des dépenses publiques, des dépenses des ménages consacrées aux services et des investissements des entreprises. La balance commerciale nette et les investissements résidentiels ont reculé au cours du trimestre. La croissance a été généralisée, puisque 15 secteurs sur 20 secteurs y ont participé, en particulier celui des services.
Toutefois, les premières données sur la croissance du PIB au troisième trimestre sont inférieures à la cible de 2,8 % de la BdC, même si elles ont dépassé les attentes en juillet. La croissance du PIB devrait s’établir autour de 1 %, ce qui représenterait un sixième trimestre consécutif de baisse du PIB par habitant. L’expansion de l’administration publique a contribué à hauteur d’environ 25 % à la croissance globale du PIB au cours des trois derniers mois. En outre, les dépenses publiques ont représenté l’apport le plus important à la croissance au deuxième trimestre (79,1 %), en raison des achats de biens et de services, et de l’augmentation de la rémunération.
La croissance économique du Canada demeure inférieure à sa tendance observée avant la pandémie. La politique monétaire restrictive a limité l’activité, malgré les trois réductions consécutives de 25 pb que la BdC a opérées pour lutter contre l’inflation, de sorte que la croissance du PIB canadien est nettement inférieure à son potentiel. Toutefois, comme la BdC devrait poursuivre l’assouplissement de sa politique monétaire, nous prévoyons que l’écart de production pourrait demeurer autour de 4 % à la fin de 2024, comme le montre la figure 2.
Figure 2

Source : Étude de Vanguard, Statistique Canada
Politique monétaire
Étant donné les énormes progrès réalisés sur le front de la lutte contre l’inflation et la croissance économique inférieure à la tendance, la Banque du Canada (BdC) a abaissé les taux pour une quatrième fois d’affilée le 23 octobre, en décrétant une réduction de 50 pb. Nous n’anticipons pas de réduction en décembre, mais nous nous attendons à ce que l’assouplissement de la politique continue en 2025.
Un gain net de 47 000 emplois en septembre montre que le marché de l’emploi est plus vigoureux que prévu. Néanmoins, le marché de l’emploi a considérablement ralenti depuis que la BdC a commencé à relever les taux.
Tiff Macklem a mentionné que la BdC souhaitait que « la croissance économique s’accélère pour absorber l’offre excédentaire dans l’économie » et qu’il aimerait voir l’inflation ralentir, plus particulièrement celle des coûts du logement et des services. L’inflation des coûts du logement a reculé de 40 pb en août; celle des services, excluant le logement, a également diminué. Comme la BdC a réduit les coûts d’emprunt, les titulaires de prêts hypothécaires paient moins d’intérêts, ce qui devrait tempérer l’inflation des coûts du logement, d’autant plus que la pondération du coût des propriétés représente plus du double de celle des logements locatifs. Tous ces aspects nous incitent à croire que d’autres réductions de taux seront possibles en 2024.
Marchés de l’emploi
Les marchés canadiens de l’emploi ont fait fi de la tendance de ralentissement en septembre. L’économie a créé 61 000 nouveaux emplois à temps plein dans le secteur privé et 51 000 dans le secteur public. Par contre, 65 000 emplois à temps partiel ont été supprimés. Globalement, le taux de chômage a fléchi de 0,10 %, pour s’établir à 6,5 %.
La création d’emplois s’est surtout concentrée dans le commerce de gros et de détail, la culture et les loisirs, ainsi que dans les services professionnels, scientifiques et techniques. Le taux de chômage élevé des jeunes Canadiens, un aspect que le gouverneur Macklem a souligné en septembre, a reculé d’un point de pourcentage pour s’établir à 13,5 %.
Le nombre de postes vacants demeure insuffisant, puisqu’à la fin du deuxième trimestre, on comptait 2,4 chômeurs par poste vacant. Les suppressions d’emplois les plus importantes ont eu lieu dans les secteurs de l’aide à la construction, de la manutention, du transport et du camionnage, ainsi que parmi le personnel d’installation d’équipement résidentiel et commercial. Le nombre total d’heures travaillées a diminué, tout comme le taux de participation de la main-d’œuvre. Il s’agit des seuls signes de faiblesse dans les données par ailleurs solides.
Nous croyons que le chômage finira l’année à peu près au niveau où il se trouve actuellement.
Figure 3

Source : Enquête sur la population active au Canada, Statistique Canada