L’économie canadienne reste sous pression du fait des tensions commerciales et du ralentissement du marché de l’emploi. Étonnamment, le PIB a augmenté de 2,2 % au premier trimestre de 2025 en raison des tarifs douaniers anticipés par les sociétés américaines. Toutefois, les perspectives du Canada sont de plus en plus incertaines et dépendantes de l’évolution des négociations commerciales avec les États­Unis. Nous restons optimistes sur les progrès imminents de ces négociations et, comme la croissance intérieure semble se stabiliser, nous croyons que les risques pour l’économie canadienne s’atténueront. 

Le taux de chômage au Canada a augmenté à 7 % en mai et nous prévoyons qu’il atteindra 7,5 % d’ici la fin de l’année. La confiance des consommateurs et des entreprises s’est redressée depuis le « Liberation Day », le 2 avril, mais nous nous attendons à ce que l’incertitude commerciale nuise aux investissements des entreprises et à la consommation des ménages. Même si nous avions commencé l’année avec des prévisions de PIB de 1,7 % pour 2025, nous prévoyons maintenant une croissance de seulement 1,25 %, avec des risques de hausse et de baisse équivalents.

Lors de sa réunion de juin, la Banque du Canada (BdC) a maintenu son taux directeur à 2,75 %, invoquant l’incertitude persistante entourant la politique commerciale des États-Unis et les signaux économiques contrastés au Canada, y compris le raffermissement plus important que prévu de l’inflation de base et la hausse du taux de chômage. Compte tenu de cette incertitude, nous prévoyons que la BdC reprendra ses mesures d’assouplissement plus tard dans l’année, en réduisant le taux du financement à un jour à 2,25 % d’ici la fin de l’année. Le ralentissement de la croissance de la population aura également une incidence négative sur la croissance.

Sur une note positive, le Canada affiche maintenant le taux tarifaire américain le plus bas de tous les grands partenaires commerciaux. Les exemptions liées à l’ACEUM ont fait en sorte que la majeure partie des marchandises canadiennes ont franchi la frontière américaine en franchise de droits en avril. Les États-Unis et le Canada devraient conclure un accord commercial dans les prochains mois, ses conséquences pesant considérablement sur nos perspectives. La Taxe sur les services numériques (TSN), que le Canada a récemment abandonnée afin de reprendre les négociations pour une entente avec les États-Unis, a apaisé les tensions et accru la probabilité de progrès dans les négociations commerciales. 

 

Politique monétaire

Lors de ses deux dernières réunions en avril et en juin, la BdC a maintenu son taux directeur à 2,75 %, après sept réductions consécutives. Nous nous attendons à ce que la banque centrale réduise les taux deux fois cette année et qu’elle ne tombe pas sous la limite inférieure de son taux directeur pour plusieurs raisons. Premièrement, elle a clairement indiqué qu’elle se concentre davantage sur l’inflation actuelle que sur la faiblesse de l’économie. Deuxièmement, la politique budgétaire expansionniste, qui comprend des dépenses pour de grands projets d’infrastructures, l’augmentation des dépenses de défense et l’accent mis sur l’augmentation de l’offre de logements, établit probablement le niveau plancher du taux directeur. Troisièmement, la politique monétaire a une incidence généralisée sur l’économie et elle ne constitue pas une mesure d’atténuation ciblée efficace pour les secteurs les plus touchés par les droits de douane. 

La BdC a souligné l’« incertitude inhabituelle » qui règne dans l’économie et a mentionné que les données contradictoires, en particulier en ce qui a trait aux mesures de l’inflation de base, ont incité le Conseil de direction à faire preuve de prudence. Nous nous attendons à ce que le taux directeur termine l’année à 2,25 %, à cause des tensions sur le marché de l’emploi, de la faiblesse du secteur de l’habitation et de la demande intérieure finale ainsi que des pressions à la baisse sur l’inflation de base. De plus, le ralentissement de la croissance de la population et l’augmentation des capacités excédentaires de l’économie baissent la croissance potentielle du Canada et réduiront le taux neutre. Par conséquent, un taux directeur de 2,25 % sera plus restrictif qu’avant l’imposition des tarifs. Enfin, les baisses de taux d’intérêt pourraient aider à stimuler l’économie plus rapidement que bon nombre des autres initiatives budgétaires ciblées du gouvernement fédéral, dont le projet de loi C5, la Loi sur l’unité de l’économie canadienne, qui vise à éliminer les barrières commerciales interprovinciales, à accélérer les grands projets et à accroître la mobilité de la main-d’œuvre.

 

Inflation

Les données sur l’inflation de mai ont affiché un taux d’inflation faussement faible de 1,7 % pour l’inflation globale et un taux élevé de 3,0 % pour l’inflation de base, tant pour les mesures1 médianes que tronquées. La baisse des estimations sommaires des ventes du secteur manufacturier, qui indiquent une baisse de 1,3 %, donne à penser que l’économie canadienne commence à ressentir l’incidence des droits de douane américains.

Le faible taux d’inflation globale a été trompeur, car il avait été réduit par le congé de TPS qui a pris fin à la mi-février et par la taxe sur le carbone des consommateurs, éliminée en avril. Les mesures de base de la BdC ont également été influencées par les perturbations qui, selon Tiff Macklem, gouverneur de la BdC, créent une « volatilité inhabituelle ». L’inflation de base a probablement augmenté à cause des effets retardés de la dépréciation du dollar canadien, qui a exercé des pressions à la hausse sur le coût des importations américaines. 

Graphique linéaire intitulé

Source: Banque du Canada

Nous nous attendons à ce que la demande globale ralentisse en raison de plusieurs facteurs, dont la hausse du chômage et la stagnation de la croissance de la population, ce qui freine l’activité économique et devrait maintenir l’inflation dans la fourchette cible de 1,0 % à 3,0 % de la BdC. Nous prévoyons un taux d’inflation de 2,5 % à la fin de l’année. Les taux hypothécaires élevés, par rapport aux creux d’avant la pandémie, signifient que les Canadiens ont moins de revenu discrétionnaire. De plus, l’incertitude persistante entourant la politique commerciale des États-Unis a exercé des pressions à la baisse sur l’inflation, car les entreprises limitent leurs embauches, leurs dépenses et leurs investissements. Les consommateurs hésitent également à acheter, en particulier les articles coûteux. 

Les données sur l’inflation des aliments, des services de voyage et des soins de santé sont demeurées élevées en mai. L’inflation des coûts du logement, qui représente près de 30 % de l’IPC, demeure élevée et contribue à plus de 50 % du taux d’inflation, et ce, malgré le fait que les loyers diminuent en raison du ralentissement de la croissance de la population et de la baisse des coûts d’intérêt hypothécaire.

La BdC est particulièrement préoccupée par l’arrimage de l’inflation, qui peut créer une spirale salaires-prix, car les travailleurs exigeront des salaires supérieurs s’ils s’attendent à une inflation plus élevée. Les attentes d’inflation élevée augmentent également l’incertitude, car il est plus difficile de déterminer le taux d’inflation réel. Dans ce scénario, les taux de transmission de l’inflation augmentent également, car les entreprises sont plus réceptives à une hausse de l’inflation si les consommateurs s’y attendent. Comme le montre le graphique ci-dessous, les attentes d’inflation ont progressé cette année, même si les cinq prochaines années demeurent bien ancrées.

Graphique linéaire montrant la croissance du PIB de 2014 à 2026. La croissance du PIB a augmenté progressivement de 2014 à 2019, a chuté en 2019, puis a repris de 2020 à 2024. La prévision jusqu'en 2026 est en dessous de la prévision pré-pandémique.

Source: Enquête sur les attentes des consommateurs au Canada

Croissance du PIB

Au premier trimestre de 2025, le PIB a dépassé les attentes, la croissance de 2,2 % étant en grande partie attribuable aux tarifs douaniers anticipés par les sociétés américaines. Les reculs du commerce de gros et de la fabrication ont entraîné une contraction du PIB de 0,1 % en avril, car cette anticipation s’est dissipée, mais nous demeurons optimistes à l’égard d’une amélioration imminente dans les négociations commerciales entre les États-Unis et le Canada, tandis que les indicateurs récents donnent à penser que la croissance intérieure pourrait se stabiliser. La croissance nominale des salaires reste favorable, et la hausse du chômage est concentrée chez les jeunes travailleurs, qui représentent une part relativement faible de la consommation globale. Nous prévoyons une croissance du PIB de 1,25 % en 2025, mais nos perspectives à court terme demeurent fortement tributaires des négociations commerciales entre les États-Unis et le Canada, à propos desquelles nous restons optimistes. Les taux tarifaires effectifs sont parmi les plus faibles des principaux partenaires commerciaux américains et la prolongation des négociations entre les États-Unis et d’autres pays pourrait soutenir les exportations canadiennes à court terme. Le ralentissement de la croissance de la population a également réduit le PIB potentiel, tandis que l’assouplissement de la politique monétaire a rassuré les ménages, puisque le ratio dettes/revenu des ménages au Canada a chuté à 171,1 % au premier trimestre de 2025, son taux le plus bas depuis le premier trimestre de 2021.

Graphique combiné en barres et en lignes montrant la croissance de la population et le PIB par habitant du Canada de janvier 2022 à avril 2025.

Source: Recherche de Vanguard

À plus long terme, nous entrevoyons des nouvelles positives pour le PIB potentiel du Canada, les gouvernements fédéral et provinciaux réalisant des progrès dans la réduction des barrières commerciales interprovinciales. Ottawa a éliminé 53 exemptions fédérales de l’accord de libre-échange du Canada qui entravaient le commerce interprovincial sur les exclusions provinciales, la plupart liées aux règles fédérales en matière d’approvisionnement. De plus, certaines provinces négocient entre elles pour éliminer ces barrières commerciales. Des problèmes comme les différences réglementaires entre les provinces, les restrictions géographiques sur les biens et les obstacles à la mobilité de la main-d’œuvre ont nui à la productivité et au PIB par habitant du Canada. 

Il est trop tôt pour évaluer l’incidence de ces mesures et de celles décrites dans le projet de  
loi C5. Comme le montre le graphique  ci-dessous, le PIB par habitant du Canada a récemment augmenté. Le ralentissement de la croissance de la population pendant six trimestres consécutifs et les solides données sur le PIB pour le quatrième trimestre de 2024 et le premier trimestre de 2025 ont stimulé le PIB par habitant du Canada.

Le PIB par habitant a augmenté récemment tandis que la croissance de la population ralentissait

Source: Statistique Canada

Marchés de l’emploi

L’offre de main-d’œuvre au Canada a ralenti, surtout à cause des plafonds sur le nombre de travailleurs étrangers temporaires et d’étudiants internationaux, mais la croissance de l’emploi a encore plus perdu de la vitesse. Il n’y a eu « pratiquement aucune croissance de l’emploi » depuis janvier, après de solides gains à l’automne.

Le taux de chômage au Canada est maintenant à son plus haut niveau en neuf ans, en dehors de la pandémie. Il y a trois chômeurs pour chaque poste vacant et la durée moyenne des périodes de chômage est passée de 18 semaines il y a un an à 22 semaines. 

Le marché de l’emploi est à l’image de deux villes. 

La première ville est composée de travailleurs salariés qui font partie de la population active depuis un certain temps. Ils se portent raisonnablement bien, malgré un taux de chômage de 7 %, puisque les mises à pied n’ont pas augmenté. Les taux de démission sont faibles et ceux qui sont touchés négativement se concentrent dans les secteurs liés au commerce. Le secteur manufacturier est le plus durement touché, puisqu’il a subi des pertes d’emplois pendant quatre mois consécutifs. 

L’autre ville comprend les nouveaux arrivants et ceux qui cherchent à intégrer la population active, en particulier les jeunes Canadiens. Ce n’est pas facile pour eux, car le taux de chômage des jeunes est maintenant de 14,2 % et celui des étudiants qui reviennent au Canada est encore plus élevé, à plus de 20 % (voir le graphique 5).

Compte tenu de la forte montée de l’incertitude, les sociétés sont moins disposées à embaucher de nouveaux travailleurs, mais elles ne sont pas prêtes non plus à mettre à pied des travailleurs chevronnés. Le développement du commerce jouera un rôle crucial sur les marchés de l’emploi. Nous nous attendons à ce que le taux de chômage atteigne 7,5 % d’ici la fin de l’année.

Le marché de l'emploi : premières failles dans le marché de l'emploi

Graphique comparant l'inflation globale (bleu clair) et l'inflation sous-jacente (or) de juillet 2020 à mai 2025. L'axe vertical montre le pourcentage d'inflation.

 

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Date de publication : juillet 2025

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