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Les problèmes énergétiques en Europe pourraient se répercuter sur l’économie mondiale

Commentaire de Jumana Saleheen, Ph. D., Économiste en chef de Vanguard pour l’Europe
 

À mesure que s’intensifie le conflit géopolitique entourant l’Ukraine, l’Europe en particulier risque de faire face à une crise énergétique. Cette situation pourrait aussi avoir des répercussions sur l’économie mondiale.


Tout porte à croire que la guerre en Ukraine ne se terminera pas de sitôt. Étant donné que les sanctions continuent de nuire à l’économie russe, on craint toujours que la Russie limite son approvisionnement énergétique en Europe. 

Nous croyons que la crise de l’énergie risque de s’aggraver avant de s’améliorer, à tel point que l’économie mondiale atteindra un point de bascule cet hiver, au moment où la demande de combustible de chauffage devrait augmenter en raison de la baisse des températures dans l’hémisphère nord des pays développés. 

La carte ci-après illustre l’ampleur du choc de l’offre que la Russie pourrait déclencher, en tant que deuxième producteur mondial de pétrole et de gaz, comptant pour 11 % du pétrole et 15 % du gaz à l’échelle mondiale. 

Le graphique montre également que l’économie américaine, qui est autosuffisante en pétrole et en gaz, est relativement à l’abri des répercussions potentielles comparativement à d’autres régions du monde. Nous traitons de ce thème plus en profondeur dans le reste du présent article.

 

L’élimination du pétrole et du gaz russes créerait un énorme choc de l’offre
 

 

Sources : Vanguard et l’Agence internationale de l’énergie, au 18 juillet 2022. Remarque : Fait référence à la production de pétrole et de gaz naturel en 2021.

La menace énergétique est particulièrement grave en Europe continentale, surtout dans les régions centrales et orientales, qui dépendent fortement de l’approvisionnement en gaz de la Russie. Les revenus tirés des exportations de gaz représentent environ 2 % du PIB de la Russie, contre 10 % pour les exportations de pétrole. En raison de la baisse des revenus tirés du gaz, la Russie pourrait décider de miser davantage sur son approvisionnement en gaz pour accroître la pression sur l’Europe concernant les sanctions occidentales imposées depuis le début de la guerre en Ukraine.

 

Éléments déclencheurs d’une récession

En date du 27 juillet, le gazoduc Nord Stream 1, par lequel plus du tiers du gaz russe est acheminé en Europe, ne fonctionnait qu’à 20 % de sa capacité totale. Ce faible débit de gaz deviendra une source d’inquiétudes s’il persiste longtemps. Notre analyse donne à penser que si les débits de gaz restent inférieurs à une moyenne de 30 % de la capacité totale sur une période de six mois, l’Union européenne (UE), qui est déjà affaiblie, entrerait en récession, et l’Allemagne ainsi que l’Italie encaisseraient le plus durement ce choc parmi l’ensemble des pays membres. 

L’effet de la baisse de l’offre de gaz se répercutera sur l’économie européenne de deux façons. Du côté de la demande, la réduction de l’accès à l’approvisionnement en gaz entraînera une hausse des prix de l’énergie et des factures de carburant. Il en résultera une hausse de l’inflation, laquelle est déjà élevée, et réduira davantage les marges bénéficiaires des entreprises ainsi que le revenu disponible réel des particuliers. Du côté de l’offre, ce contexte donnera lieu à des contraintes, car des quotas de gaz devraient être imposés à différents secteurs et potentiellement aux ménages. Incapables de maintenir la production aux niveaux actuels, les entreprises tributaires de l’offre de gaz pourraient devoir réduire leurs heures de travail ou mettre à pied des travailleurs.

Les États membres de l’UE se sont déjà engagés à réduire leur demande de gaz naturel de 15 % cet hiver, mais certains pays qui dépendent moins de l’approvisionnement russe pourront bénéficier d’exemptions et de cibles moins élevées. Il s’agit toutefois de réductions volontaires qui pourraient devenir obligatoires ou augmenter au cours des prochains mois.

Le tableau ci-après présente de façon sommaire l’évolution prévue de l’économie de la zone euro selon les fluctuations des prix du gaz et du pétrole au cours des prochains trimestres. Selon notre scénario de base, les débits de gaz de Nord Stream 1 se situeront en moyenne entre 30 % et 60 % de la capacité au cours de la deuxième moitié de 20221. Une baisse persistante des débits de gaz sous la barre des 30 % nous placerait dans le scénario pessimiste, les prix de l’essence grimpant en flèche, ce qui ferait monter l’inflation et entraînerait l’économie en récession. 

 

Perspectives économiques pour la zone euro selon différents scénarios liés aux exportations de gaz russe
 


Sources : Vanguard et Bloomberg au 29 juillet 2022. * Selon les prix du gaz naturel Dutch TTF, qui se sont établis en moyenne à 98 euros le mégawattheure entre le 1er janvier 2022 et le 30 juin 2022. ** Selon les prix du pétrole brut Brent, qui se sont établis en moyenne à 105 $ US le baril au cours de la même période.

 

Répercussions sur l’économie mondiale

L’intensification de la crise énergétique en Europe aura également des répercussions négatives au-delà du Vieux Continent, car elle fera grimper les prix du carburant à l’échelle mondiale et accentuera l’inflation, qui a déjà atteint des sommets inégalés depuis des décennies. 

Par conséquent, un « hiver russe » pourrait faire en sorte qu’il soit plus difficile pour les banques centrales de maîtriser l’inflation. Ce serait un autre choc malencontreux du côté de l’offre pour l’économie mondiale. Les économies du monde entier risqueraient ainsi de s’enliser dans les problèmes auxquels elles se heurtent à l’heure actuelle, soit une combinaison de faible croissance et d’inflation élevée, ce qui pourrait entraîner une stagflation.

Notre analyse montre que le Royaume-Uni et l’Asie sont les plus vulnérables à toute hausse des prix du gaz naturel dans l’UE. Le tableau ci-après illustre la relation statistique au cours des six derniers mois entre les prix du gaz naturel dans la zone euro et ceux d’autres principaux marchés de produits de base, montrant ainsi leur « corrélation », soit la mesure dans laquelle l’évolution d’un marché se compare à celle d’un autre. Plus les chiffres se rapprochent d’un, plus la sensibilité est grande. Selon ce tableau, une hausse de 10 % des prix du gaz naturel dans l’UE pourrait être associée à une hausse de 9 % des prix du gaz au Royaume-Uni et à une hausse de 8 % des prix du gaz naturel liquéfié (GNL) en Asie. 

 

L’Europe et l’Asie sont les régions les plus sensibles aux répercussions des prix du gaz naturel dans l’UE 
 


 

Sources : Bloomberg et Vanguard au 28 juillet 2022. Remarques : Les corrélations sont mesurées selon les variations quotidiennes sur la période allant du 1er janvier 2022 au 28 juillet 2022. Le rouge indique une corrélation plus élevée et le vert, une corrélation plus faible. * GNL : gaz naturel liquéfié.
 

En revanche, l’incidence sur les prix du gaz naturel aux États-Unis est plus limitée, car la corrélation est presque nulle. Cette faible corrélation est en partie attribuable au fait que les États-Unis exportent eux-mêmes davantage de gaz naturel qu’ils n’en importent. Elle découle aussi de la nature segmentée des marchés du gaz. Le gaz est plus difficile à transporter et à entreposer : il doit être transporté par pipeline et stocké dans des installations spéciales ou liquéfié avant d’être transporté. 

En revanche, le pétrole est un produit plus négociable que le gaz naturel : il peut être mis en baril et expédié n’importe où.

Néanmoins, l’effet domino des prix du gaz sur les prix du pétrole et d’autres formes d’énergie, comme le charbon, peut être moins prononcé. Cela s’explique par le fait que les entreprises et les ménages qui sont en mesure de remplacer les carburants plus chers par des carburants moins chers le feront. Cette hausse de la demande fera augmenter les prix du pétrole brut, du diesel et de l’essence, qui sont déjà élevés, et accentuera les pressions sur l’économie américaine. 

Les restrictions imposées sur l’afflux de gaz russe vers l’Europe n’augurent rien de bon pour les prix de l’énergie et risquent de faire basculer l’économie européenne déjà affaiblie en récession. Les effets se feront sentir sur les marchés mondiaux de l’énergie, en particulier en Europe, y compris au Royaume-Uni, et en Asie. Même si les prix du gaz aux États-Unis restent largement à l’abri, il pourrait en être autrement pour les prix du pétrole aux États-Unis. 

Les temps pourraient être encore plus difficiles. Il est plus important pour les investisseurs à long terme d’adopter une perspective stratégique et ainsi, de garder le cap sur leurs objectifs et de se concentrer sur ce qu’ils peuvent contrôler, comme les coûts, en plus de rester disciplinés et de conserver un portefeuille diversifié. 

 

Lulu Al Ghussein a contribué à cet article.

 

Remarques:

Tout placement est assujetti à des risques, y compris à celui de ne pas récupérer les fonds que vous avez investis. 

La diversification n’est pas une garantie de profit et ne protège pas contre les pertes.

Date de publication : août 2022

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